الأحد. أبريل 28th, 2024


ANCIEN PRESIDENT
DE LA REPUBLIQUE DU NIGER
Tunis 08/09 fev2024
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-Madame Badra Gaaloul, Présidente du Centre International d’Etudes Stratégiques de Sécurité et Militaires,
-Monsieur Khaled Al-Ghuwail,
-Monsieur Mohamed Zidan Ahmed
-Monsieur Fawzi Al-Nuwairi
-Mesdames et Messieurs, à vos Titres, grades et qualités,
Je voudrais commencer par exprimer, mes sentiments de profonde gratitude, à l’endroit des dirigeants, du Centre International d’études stratégiques de sécurité et militaires, au premier rang desquels, Madame Gaaloul, pour l’amabilité qu’ils
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ont eue, de m’inviter à ce forum international sur la stabilité en Libye ;
J’exprime également ma reconnaissance, aux Autorités de la République soeur de Tunisie, pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité généreuse, qui nous sont réservés, depuis notre arrivée à Tunis.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais relever, pour m’en réjouir, la présence parmi nous, aux côtés de nos hôtes tunisiens, de personnalités provenant de pays, dont les regards sur l’évolution de la situation en Libye méritent d’être connus et capitalisés, dans la recherche de la paix, la stabilité et la prospérité du peuple libyen, de ses voisins , de l’Afrique et de l’humanité.
Depuis la disparition de l’Apartheid, l’Afrique du Sud joue un rôle positif d’avant-garde en Afrique en général, et en Libye en particulier; nous continuons
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de compter sur ce pays, tout comme sur l’Egypte, l’Algérie et la Tunisie, chacun de ces pays pris individuellement ou à travers un effort collectif, à l’Union Africaine, à la Ligue des Etats Arabes, à l’Organisation de la Coopération Islamique, et à l’Organisation des Nations Unies, pour que l’objectif de stabilisation de la Libye que nous poursuivons soit atteint.
Je sais que nous saurons aussi compter sur l’Italie, pays frontalier de la Libye par la Mer Méditerranée, et auquel l’histoire confère une responsabilité particulière, sur cette question.
Enfin, la présence dans cette enceinte, de personnalités provenant de la République Populaire de Chine, des Etats Unis d’Amérique, et de la Fédération de Russie, trois membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, nous donne la garantie, que les réflexions et recommandations, qui seront issues de ce Forum, auront, l’écho et la
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force exécutoire qu’il faut, pour ne point demeurer lettres mortes.
Mesdames et Messieurs.
L’histoire et la géographie, ont tissé, des liens si étroits et indissolubles, entre la Libye et mon pays, la République du Niger, que nous avons coutume de dire, que si la Libye s’enrhume c’est le Niger qui éternue.

Du côté de la rive du Sahara d’où je viens, l’intervention en 2011, des pays membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), et ses conséquences désastreuses, ont été vécues, comme une véritable tragédie, dont nous ne finissons pas encore de payer le prix, sur les plans économiques, politiques, sécuritaires et militaires :

Déferlement par vagues successives de groupes armés,

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Accroissement exponentiel d’armes de tout calibre en circulation dans toute la bande Sahélo-Saharienne,

Résurgence d’anciens réseaux de trafics divers et

Emergence de nouvelles formes de criminalités transfrontalières, dont l’éradication dépassent de loin, les capacités d’un seul de nos Etats pris isolément : cigarettes, drogues dures, armes de guerre, et même trafics d’êtres humains, qui rappelle un âge que l’on croyait à jamais révolu, avec des expulsions collectives des migrants, leurs ventes aux enchères, leurs tortures, ou leurs utilisations comme monnaie d’échanges contre des rançons.
Dans les pays de la bordure Sud Sahélo-Saharienne, ces externalités négatives, de l’instabilité libyenne, sont venues s’ajouter à un
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enchevêtrement de crises locales, dans un contexte de souveraineté très limité des Etats.
Elles ont dans ces pays, constitué un effet multiplicateur, et accéléré la déliquescence des Etats qui, déjà peinaient à assurer une présence effective des services publics à travers un maillage adéquat du territoire national, affaiblis qu’ils étaient déjà, par les crises multiples de l’alimentation, de l’hydraulique tant urbaine que rurale, de la santé, de l’agropastoralisme, de l’éducation, de l’emploi des jeunes, de l’énergie, des équipements, et des services publics de base, de justice, de sécurité des personnes et des biens , pour ne citer que celles-là.
A ce cocktail de pressions, aussi explosives les unes que les autres, sont venues s’ajouter une corruption sans précédent, et la faillite d’acteurs politiques dont pour la pluspart, les intérêts
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personnels et partisans sont la seule boussole, dans la conduite des affaires de l’Etat.
Il en est résulté sur cette bande sahélo-saharienne le spectacle de ce que d’aucuns ont qualifié d’épidémie de coups d’état, dont les répercussions dépassent les frontières nationales, pour mettre en péril la survie des organisations régionales, sur lesquelles, en temps normal, les Etats devraient pouvoir compter, pour faciliter leur intégration régionale et le développement économique, social, et culturel de leurs peuples.
Aujourd’hui aux vues de certaines pratiques inéquitables de deux poids, deux mesures, et des sanctions prises par certaines de ces organisations, à l’encontre de certains pays dont le mien, sanctions, inhumaines, illégales et illégitimes, qui ne sont prévues par aucun texte, manifestement, ces organismes sont de plus en plus perçus par les
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populations, comme des instruments d’un terrorisme, au service d’intérêts étrangers.
Mesdames et Messieurs,
Plus de dix ans, après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, les libyens payent encore, au prix fort, le tribut de la désunion. Cette désunion est la faille à travers laquelle, se glissent toujours et prévalent les agendas étrangers, pour contribuer à éloigner encore davantage, la perspective d’un règlement pacifique du conflit, par les acteurs locaux. Dix ans après la révolte initiale, le pays reste encore fracturé, ses citoyens s’entretuent, écartelés qu’ils sont, entre des intérêts qui, parfois les dépassent.
Pourtant, la seule solution durable sera, à n’en point douter, celle, qui sera générée et contrôlée par les libyens eux-mêmes.
Le rôle des frères et amis de la Libye, ceux des pays voisins ou d’ailleurs, doit être celui d’une
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accoucheuse qui aide la Nation Libyenne, à rassembler toutes ses énergies, à travers l’inévitable concertation de ces filles et de ses fils, pour produire une solution endogène et souveraine, qui recueille le consensus des partenaires institutionnelles Libyens, et toutes les autres forces vives du pays : les jeunes, les femmes, les légitimités traditionnelles, les organisations culturelles et les organisations de la société civile de tous les secteurs.
Le rôle des voisins, tout comme celui des Institutions Internationales comme l’Union Africaine, la Ligue des Etats Arabes, L’Organisation de la Coopération Islamique et l’Organisation des Nations Unies, est d’aider les Libyens à promouvoir ce consensus politique local authentique, nécessaire à l’émergence d’Institutions Libyennes unifiées. Parmi ces institutions, naturellement, une armée Libyenne unifiée trouvera bien sa place ; puisque le monopole
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de la force physique légitime doit rester l’apanage exclusif de l’Etat.
L’on ne saurait arriver à ce résultat, sans un sursaut de patriotisme et d’humilité de la part de nos frères et soeurs Libyens. Patriotisme par prise de conscience, que seule une Libye unie et stable, peut permettre la réalisation de leurs aspirations légitimes, à jouir des bienfaits des richesses colossales dont Dieu a doté leur pays.
Il s’agira surtout, pour l’élite Libyenne, d’avoir l’humilité nécessaire de reléguer ses ambitions individuelles, celle de son clan, de sa tribu, de sa ville ou de sa région au second plan et privilégier l’intérêt général de la Libye, tant il est vrai que seule une Libye unie, peut constituer un bouclier solide, derrière lequel peut s’abriter le peuple Libyen, en toute sécurité.
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Je voudrais terminer mon propos en saluant le travail colossal mené par le Secrétaire Général des Nations Unies à travers son Envoyé Spécial Monsieur Abdoulaye Batilly, et la Mission d’Appui des Nations Unies en Libye, en vue d’amener toutes les parties prenantes de la crise libyenne, à la table de négociations, en vue de trouver une sortie consensuelle, de l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays.
Je voudrais également souligner, le rôle éminent du Président du comité de Haut Niveau de l’Union Africaine, en prélude à la conférence de réconciliation inter-Libyenne à Sirte, prévue le 28 Avril prochain sur la Libye, Son Excellence Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, qui pas plus tard que le 05 de ce mois a présidé le 9éme sommet de cet important organe de notre organisation continentale.
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Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je vous remercie de votre aimable attention.
SEM MAHAMANE OUSMANE
ANCIEN PRESIDENT
DE LA REPUBLIQUE DU NIGER

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